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Événements climatiques extrêmes : les militaires de la sécurité civile en première ligne

Tempêtes, incendies, inondations en Libye, au Canada, en Grèce, en France… Le changement climatique et la multiplication des catastrophes poussent les Formations militaires de la sécurité civile à s’adapter.
Pompiers sur un intervention de feu de forêt

C’est un signe très parlant du changement climatique et de l’adaptation qu’il nécessite : l’opération Héphaïstos, désignant l’engagement des armées dans la lutte contre les feux de forêt, a été étendue cet été à l’ensemble du territoire métropolitain français. Auparavant, depuis 1984, elle couvrait « seulement » une vingtaine de départements, tous méridionaux. « Nous pouvons désormais parler d’une nationalisation de cette mission traditionnellement dévolue au sud de la France », commentait le colonel Stanislas Rouquayrol, commandant des Formations militaires de la sécurité civile (ForMiSC), au moment de cette annonce, en juillet.

Carte de la zone d'opération Héphaïstos

© État-major des armées 

Unités de l’armée de Terre appartenant à l’arme du Génie (comme la brigade des sapeurs-pompiers de Paris), les ForMiSC sont depuis 1988 mises à la disposition du ministère de l’Intérieur, dans le cadre de la très large Direction générale de la sécurité civile et de la gestion de crises (DGSCGC). Cette dernière chapeaute plus de 350 000 acteurs de la protection civile dans tout le pays, dont 250 000 sapeurs-pompiers professionnels, 100 000 volontaires et 2500 fonctionnaires.

1408 SAPEURS-SAUVETEURS ACTUELLEMENT, PRESQUE 2000 EN 2027

Les experts militaires des ForMiSC, eux, sont au nombre de 1408, et dénommés sapeurs-sauveteurs. Leurs missions sont loin de se limiter à la lutte contre les feux de forêt. Spécialisés et autonomes, leurs détachements sont capables d’intervenir sur toutes les catastrophes naturelles ou technologiques, en temps de paix, de crise ou de guerre, autant en France qu’à l’étranger : inondations, pollutions, cyclones, contaminations, séismes, glissements de terrain, effondrement d’immeubles… Ils peuvent par exemple apporter une expertise NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique), ou un appui en drones pour du déminage ou la sécurisation d’opérations de sauvetage.

Ils disposent d’équipements rares et spécifiques pour leurs différents domaines d’intervention, afin d’agir en complément des moyens locaux ou territoriaux.

En France, les ForMiSC agissent dans l’urgence en renfort des sapeurs-pompiers, mais aussi en appui des forces de police, dans la lutte anti-terroriste notamment. À l’étranger, elles interviennent sur demande d’assistance de pays frappés par une catastrophe. Elles assurent par ailleurs de nombreuses actions de formation pour les armées et les sapeurs-pompiers, en France comme à l’étranger.

Les ForMiSC sont actuellement composées de trois Unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC) :

–          L’UIISC 1, créée en 1978 et basée à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir)

–          L’UIISC 5, créée en 1988 et basée à Corte (Haute-Corse)

–          L’UIISC 7, la plus ancienne, créée en 1974 et basée à Brignoles (Var)

Pour faire face à la multiplication des événements climatiques et naturels et à l’augmentation de leur intensité, le président de la République a annoncé, en octobre 2022, la création d’une 4e UIISC. Implantée à Libourne (Gironde), elle entrera en fonction en 2024 et devrait compter, à l’horizon 2027, 565 sapeurs-sauveteurs.

L’HÔPITAL DE CAMPAGNE DES FORMISC EST ACTUELLEMENT À DERNA (LIBYE)

En 2022, les ForMiSC ont été déployées dans 273 missions différentes, parmi lesquelles 92 missions sur des feux de forêt en France, en Corse ou à la Réunion par exemple. Elles sont aussi assuré une prévention du risque technologique en marge de grands événements comme le carnaval de Nice ou le festival de Cannes.

Treize missions ont eu lieu à l’étranger, dont quatre convois partis en Ukraine, mais aussi des déploiements au Pakistan pour purifier l’eau après des inondations, à Madagascar après le passage du cyclone Batsirai, en Grèce pour des incendies, au Tchad à la suite d’inondations…

Pour cette année, le compte des missions n’est bien sûr pas encore arrêté. L’hôpital de campagne des ForMiSC se trouve en ce moment à Derna, en Libye, après de dramatiques inondations. Cet été, elles sont aussi intervenues au Canada et au Chili pour des feux de forêt, et en février en Turquie, pour rechercher des victimes d’un séisme, et les soigner dans l’hôpital de campagne. L’une des unités rentre tout juste de Slovénie, où elle a réalisé des opérations de déblaiement à la suite d’inondations.